Sécheresse : pourquoi les Pyrénées-Orientales interdisent la vente de piscines hors-sol 

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Depuis le 10 mai 2023, il est interdit d’acheter une piscine hors-sol dans les Pyrénées-Orientales. Cette décision unique en France survient après une intense vague de chaleur qui a asséché une grande partie de la région. Voyons ensemble quelles sont les conséquences de la sécheresse sur la consommation d’eau dans la région et les directives qui ont été prises pour tenter de faire des économies d’eau.   

Interdiction de la vente de piscine hors-sol en Pyrénées-Orientales : les dates clés  

Les Pyrénées-Orientales connaissent une passe particulièrement difficile depuis plusieurs mois en raison de la sécheresse qui oblige les collectivités à prendre des mesures drastiques. Ainsi, ce ne sont pas moins de 9 engagements différents qui ont été pris afin de faire face à cette crise dans le département.  

L’interdiction de la vente des piscines hors-sol entre dans cet objectif d’économie d’eau. Selon Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, cette décision intervient afin de dissuader les consommateurs de remplir leur piscine alors que cela est interdit sur l’ensemble du département, notamment car les piscines hors-sols sont généralement bien moins chères et que leurs ventes sont décuplées à l’approche de l’été. Elle est entrée en vigueur dès le 10 mai 2023. 

C’est également le 28 avril dernier que le préfet du département Rodrigue Furcy a déclenché le niveau “Crise” du plan sécheresse, le plus élevé qui existe. Cela fait suite à la sécheresse “la plus aiguë depuis 70 ans”, comme il l’a décrite dans le cadre d’une interview sur la radio France Bleu.  

Une très grande partie du département est concerné par ce niveau élevé, comme vous pouvez le voir sur cette carte de la préfecture des Pyrénées orientales (le rouge représentant les territoires en crise et l’orange représentant les territoires en alerte renforcée). Seules six communes, à l’heure actuelle, ne sont pas concernées par les mesures drastiques.).  

La sécheresse dans les Pyrénées-Orientales : tour d’horizon  

La sécheresse qui touche actuellement le département est considérée comme “historique” en raison de son étendue, bien sûr, mais également parce qu’elle se produit particulièrement tôt dans l’année. En effet, les températures actuelles sont généralement observées dans la région entre juillet et août. Cet épisode fait d’ailleurs écho aux températures record observées en Andalousie depuis quelques semaines. Un dénominateur commun : le changement climatique.  

Alors que 2022 avait été l’année la plus sèche enregistrée depuis 1925, 2023 ne fait qu’enfoncer un peu plus le clou. La faute notamment à un hiver particulièrement sec, qui a empêché les nappes phréatiques de se recharger à temps pour les mois d’été particulièrement chauds dans la région.  

Selon le préfet de la région, il s’agit du “phénomène de sécheresse le plus long et le plus intense depuis le démarrage des suivis de l’humidité par Météo France en 1959”. Glaçant.  

Selon Nicole Garcia, vice-présidente du Conseil Départemental, il faudrait qu’il pleuve dix à vingt fois plus qu’actuellement pour qu’un retour à la normale puisse s’opérer dans le département.  

Les restrictions à l’échelle des Pyrénées-Orientales en réponse à la Sécheresse inédite  

Pour faire face à cette situation inédite, l’interdiction des piscines hors-sol n’est pas la seule restriction à laquelle doivent s’adapter les habitants du département. En effet, depuis le mois de février, ils ne peuvent plus arroser leur pelouse, nettoyer leur véhicule (à part dans les stations de lavage qui utilisent 70 % d’eau recyclée dans leur cycle), ou encore remplir leurs piscines individuelles.  

Voici une liste précise des restrictions liées au niveau “Crise”, c’est à dire le niveau maximum du plan sécheresse :  

  • Interdiction d’arroser les pelouses, potagers, massifs fleuris, espaces verts, ronds-points 
  • Interdiction d’arroser les terrains de sport  
  • Interdiction d’arroser les golfs  
  • Interdiction de nettoyer les surfaces imperméabilisées : terrasses, façades, voiries  
  • Interdiction de nettoyer les véhicules à domicile et de laver les bateaux  
  • Arrêt des prélèvements agricoles (avec quelques exceptions) 
  • Interdiction de faire fonctionner les fontaines 
  • Interdiction d’utiliser les douches de plage 
  • Interdiction de remplir et faire l’appoint en eau des piscines à usage privé 

Ces mesures entendent empêcher une utilisation “non vitale” de l’eau, qui pourrait être évitée et reportée ultérieurement.  

Pour autant, le remplissage des piscines en France ne représentait qu’une infime partie de la consommation globale de l’eau dans le pays. En effet, selon Joëlle Pulinx, déléguée générale de la Fédération des professionnels de la piscine, la globalité des piscines privées françaises ne représenteraient que 0,15 % de l’utilisation de l’eau au niveau national (environ 40 millions de m3 par an), alors que les fuites d’eau, elles, représenteraient un gaspillage de plus d’1 milliard de m3 par an.  

Il s’agit surtout d’appeler à une conscience collective, en économisant l’eau à toutes les échelles. Chaque petit geste, dans cette situation, compte, et additionnés, peuvent faire la différence. De restrictions drastiques, comme celle-ci, peuvent alerter les citoyens que le changement climatique représente un grand danger pour l’avenir. 

Des engagements afin de conserver l’eau et de faire face à la sécheresse  

En plus de ces nombreuses restrictions, la préfecture des Pyrénées-Orientales s’est engagée au travers de neuf points à améliorer sa réponse à l’épisode de sécheresse et à mettre en place des solutions pour l’éviter à l’avenir, cela au travers d’un Plan d’action d’urgence :  

  • Signaler à l’état et aux gestionnaires de l’eau tout problème lié à la disponibilité de l’eau, et la mise en place de moyens afin d’assurer la continuité de la distribution de l’eau potable sur l’ensemble du département ;  
  • Déclencher un plan d’économies maximales sur l’ensemble des équipements et bâtiments de la commune ; 
  • Lancer une concertation territoriale avec la population, les différents acteurs de la région pour rechercher des moyens d’économiser l’eau davantage ;  
  • Conduire des opérations d’information à destination de la population et des touristes afin de les sensibiliser aux enjeux liés à la crise de l’eau ;  
  • Inciter la bonne mise en œuvre des restrictions par les particuliers ;  
  • Participer aux échanges d’informations avec les administrations en charge de la régulation des usages des eaux ;  
  • Mettre en place des récupérateurs d’eau de pluie et autres systèmes d’économie d’eau individuels ; 
  • Afficher le logo “Ma commune s’engage. Economisons l’eau !” dans les mairies.  
  • Désigner un élu “référent eau”.  

Grâce à ces engagements, la préfecture espère pouvoir améliorer le cadre de vie des habitants et permettre à la plupart des industries de reprendre, à terme, leurs activités normales.  

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