Le parc national fluvial d’Albanie : un modèle de conservation et de développement durable 

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Le 13 juin 2022, le gouvernement Albanais a signé un traité désignant le fleuve Vjosa comme le premier parc national fluvial sauvage en Europe. Berceau d’une grande biodiversité et habitat naturel de dizaine de milliers d’espèce, il est aujourd’hui protégé et il n’est pas possible d’y construire des barrages ou d’y introduire des exploitations minières. Un véritable exemple de conservation de l’eau !  

Pourquoi un “parc national fluvial” en Albanie ?  

Après des années de militantisme et de combats, de nombreux Albanais ont enfin obtenu de leur gouvernement la création du parc fluvial de la Vjosa. Cet accomplissement historique vient après les propositions de plus d’une trentaine de projets de barrages qui auraient défiguré cette région et mis en danger plus de 1,100 espèces d’animaux (dont 13 en danger) vivant dans et autour du fleuve, ainsi que la vie, le travail et la culture de plus de 100 000 personnes.  

Pourquoi un parc national fluvial, donc ? Tout simplement pour inscrire la protection de ce fleuve dans la loi albanaise, et y empêcher la construction de structures humaines (type barrages) qui auraient asséché certaines régions et qui en auraient inondé d’autres.  

Ainsi, la création de ce parc était vitale. Et elle questionne la conservation de l’eau dans l’ensemble de l’Europe. Est-il temps d’arrêter d’industrialiser massivement les fleuves ? La question est très certainement légitime, alors-même que l’eau commence à manquer dans la plupart des pays. D’autant plus que les fleuves et les rivières sont de véritables berceaux de la biodiversité. Une aubaine, dans des pays comme la France, où près de 60 % de la population d’oiseaux a disparu.  

Zoom sur le parc national fluvial du fleuve Vjosa : son histoire, son étendue et les enjeux de développement durable qui y sont liés  

Le projet de parc national fluvial est né de la coalition de plusieurs acteurs : des civils, des entreprises et des membres du gouvernement albanais. Alors que des activistes ont lancé les discussions, il y a déjà de cela dix ans, c’est grâce au soutien de la marque engagée Patagonia que le projet a véritablement pris forme. En effet, cette dernière a utilisé sa notoriété pour faire connaître les tenants et les aboutissants du projet à travers le monde, sous la forme d’un court-métrage mettant toute la lumière sur le fleuve, sur les militants ainsi que les habitants dont les vies ont été influencées et bercées par la calme tranquillité de ce fleuve sauvage. Elle a également participé généreusement en versant plus d’un million de dollars pour soutenir des actions en faveur du parc.  

Cet élan de solidarité a permis, le 13 juin 2022, d’aboutir à la création du parc national de catégorie II (qui interdit les barrages, l’exploitation industrielle, mais autorise le public). Aujourd’hui, il est entré dans sa phase 1 (depuis le 15 mars 2023) et comprend 20,000 hectares de terre ainsi que 300 km de rivière désormais protégée, de la frontière grecque jusqu’à la péninsule adriatique. Et pour le futur ? Une phase 2 permettant d’étendre le parc en Grèce, protégeant ainsi l’ensemble de la rivière, depuis sa source. Du moins, c’est l’espoir que nourrissent les écologistes albanais.  

Le parc national fluvial de la Vjosa. Il s’agit d’un réseau de 300 kilomètres de long, comprenant le fleuve, ses affluents ainsi que les zones d’inondation. © Claire rollet pour Patagonia  

Que ce soit pour l’Albanie ou pour le reste de l’Europe, la création de ce parc est un exemple de développement durable. Il s’agit d’un projet qui a réuni de nombreux acteurs ayant à cœur de protéger l’environnement, et dont les efforts ont porté leurs fruits. De quoi donner des idées à de nombreux autres activistes à travers le monde. Finalement, quelle sera la prochaine rivière sauvage à être sauvée ? Il en reste peu en Europe, et le nombre de barrages sur les fleuves du continent est plus important que n’importe où ailleurs. Ces derniers modifient le cours des fleuves et endommagent les écosystèmes. C’est par exemple le cas du barrage de la Rance, en Bretagne, qui enlise l’estuaire de la Rance et favorise le développement de microalgues dévastatrices.  

Les autres fleuves à protéger en Europe  

Le fleuve Vjosa est ainsi le premier fleuve sauvage à être protégé en Europe, mais ce n’est très certainement pas le dernier. La région des Balkans est en effet épargnée par l’industrialisation massive de l’hydroélectricité qui a touché la plupart du continent. On y trouve encore aujourd’hui de nombreux fleuves et rivières immaculés. Selon National Geographic, deux cours d’eau pourraient devenir des parcs nationaux :  

  • La rivière Una, en Bosnie (qui abrite une importante réserve de biodiversité, dont une grande population de saumons du Danube) 
  • La Morača, au Monténégro (qui se jette dans le lac Shkodra, une importante réserve ornithologique et l’une des plus grandes d’Europe).  

Ainsi, l’exemple albanais a lancé une véritable réflexion sur la protection de ces régions, berceaux de vie, de culture, et de millions d’années d’évolution. L’entreprise Patagonia ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et projette d’investir plus de 4 millions d’euros pour aider à la création de nouveaux parcs dans la région.  

Cela est d’une importance capitale, surtout quand on sait que, selon une étude datant de 2020, “1249 barrages ont été construits au sein d’aires protégées, et près de 500 projets pourraient voir le jour dans ces mêmes zones, dont la majeure partie dans les Balkans”. La protection de ces zones est donc d’une urgence capitale ! 

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